[Devenir maman #6] Le quatrième trimestre

Après la naissance de notre petit garçon, il nous a fallu le découvrir, apprendre à nous occuper de lui, à répondre au mieux à tous ses besoins. Et les premières semaines de vie d’un nouveau né ne sont pas les plus simples à gérer, même avec un bébé plutôt facile à vivre. Laissez-moi vous raconter notre quatrième trimestre ensemble, après que notre fils se soit trouvé propulsé dans un environnement totalement nouveau pour lui, après neuf mois bien au chaud.

Du côté de l’alimentation

Le principal besoin d’un nouveau-né, en plus du sommeil et de l’amour de ses parents, c’est bien évidemment la nourriture. J’avais fait le choix de tenter de mettre en place l’allaitement de mon enfant car je pensais que mon lait serait le plus adapté à mon enfant et lui permettrait de recevoir certains de mes anticorps pour développer son immunité. Mais je n’avais aucune certitude que ça nous conviendrait, que je serai suffisamment à l’aise avec tout ça, et je me disais que je ne nous mettrais pas de pression : si ça ne fonctionnait pas, je ne me prendrais pas la tête et passerais au biberon. Enfin, ça, c’était la théorie….

En pratique, ça a été un peu différent …

A la maternité, on tente donc de mettre l’allaitement en place avec tétée d’accueil, mises au sein régulières… Mais bébé a du mal à prendre le sein, il se braque… On utilise alors des bouts de sein qui l’aident un peu, mais j’ai une montée de lait tardive suite à mon hémorragie et l’anémie qui en a découlé (les soignants m’ont expliqué que mon corps devait choisir entre reconstituer le volume de sang perdu et produire du lait, et qu’il choisissait ce qui était le plus vital pour moi). Très vite, mon fils perd plus de 10% de son poids de naissance et au bout de deux jours, on me propose de le complémenter avec du lait que j’ai tiré en amont (mais en trop petite quantité) et du lait artificiel. J’ai la chance d’être à ce moment-là la seule patiente dans le service des suites de couche, le personnel soignant est très présent pour m’aider à la mise au sein, me proposer de nouvelles positions d’allaitement… Et pour faire prendre les compléments de lait avec un DAL, un petit cathéter permettant de limiter la confusion entre le sein et une tétine de biberon.

De mon côté, j’ai l’impression de perdre un peu pied, de me battre avec mon fils à chaque tétée et je déteste ça. Il n’arrive pas à téter sans bout de sein, il s’endort très vite en tétant et je dois passer mon temps à le réveiller, il refuse régulièrement le sein gauche…. A côté, je dois tirer mon lait pour stimuler la lactation après chaque tétée (mais je ne tire que 20mL en 20 minutes, c’est décourageant), je m’épuise…. On me précise à ce moment-là que ce protocole de tirage après chaque tétée ne sera pas à refaire à la maison car j’aurais d’autres choses à faire. Malgré les difficultés, je ne renonce pas, car on me dit que tout va finir par se mettre en place. Et je n’ai pas envie de renoncer si vite alors que tout le monde s’est investi sur cet allaitement et qu’on a déjà fait beaucoup d’efforts, je ne veux pas que ce soit pour « rien ».

Nous rentrons à la maison au bout de quatre jours et demi. Nous sommes mi-août, en pleine canicule, bébé réclame très souvent à manger mais s’endort sur le sein et y reste très longtemps, mais il tète peu. On ne lui donne pas systématiquement de complément mais je m’épuise à le nourrir. Ma sage-femme nous rend visite le lendemain, puis quatre jours après et elle est plutôt confiante sur la prise de poids de notre fils. Elle m’encourage à nous faire confiance et à poursuivre dans cette voie là.

Mais deux jours plus tard, nous avons la visite d’une puéricultrice de la PMI qui pèse bébé et se rend compte qu’il a perdu un peu de poids (60 grammes par rapport à la pesée de la sage-femme alors qu’il aurait du en prendre 120). Stressée par ces variations de poids depuis la maternité, j’écoute alors ses conseils (dont un que j’abandonnerai tout de suite : ne pas laisser bébé sans manger plus de quatre heures, même si il dort profondément, il m’a vite fait comprendre que c’est lui qui décidait quand serait la tétée !). Notamment celui de reprendre le protocole de la maternité, à savoir tétée, puis biberon de complément, puis tire-lait pour stimuler la lactation. Mais comme les sage-femme de l’hôpital me l’avaient dit, c’est un protocole impossible à tenir à la maison car on n’a pas que ça à faire… Je me contente donc de donner le sein et le complément et ne tire mon lait que le matin et le soir quand j’ai un peu de temps. On trouve ainsi notre équilibre, papa trouve aussi sa place en donnant le biberon après la tétée et bébé prend ce qu’il veut des deux à chaque fois.

Une fois cet équilibre trouvé, j’ai fini par prendre goût à ces moments avec mon bébé. Je ne me suis pas fixée d’objectifs de durée, même si j’aurais aimé allaiter en mixte jusqu’à ma reprise du travail (ensuite, ça aurait été compliqué car je travaille avec des produits chimiques peu compatibles avec l’allaitement, je n’aurais pas voulu faire prendre de risque à mon enfant). Mais au fil du temps, mon fils refuse certaines tétées pour ne conserver au final que celle du matin. Je suis un peu déçue sur le moment, mais je me suis toujours dit que je ferai en fonction de lui, alors je l’accepte (et en même temps, je n’ai pas vraiment le choix…). Le reste de la journée, il prend ses biberons de lait artificiel et je tire mon lait le soir pour entretenir ma lactation (mais je tire encore assez peu, entre 60 et 90mL en trente minutes, même pas de quoi faire un biberon complet… De temps en temps, je lui donne le lendemain, de temps en temps, je le congèle pour utiliser dans son bain…).

Finalement, quinze jours avant ma reprise du travail, on part une semaine chez ma belle-mère. Je ne peux pas tirer mon lait les deux premiers soirs et la sanction est immédiate : bébé refuse le sein à partir de notre troisième jour là-bas. J’essaie de relancer la machine en tirant à nouveau le soir. 30mL à chaque fois qui ne sont pas suffisants… Mon fils m’offre une dernière tétée de quelques minutes, quelques jours après, que j’ai pu vivre comme la fin de notre allaitement, même si je reste un peu déçue que ça ne se passe pas quinze jours plus tard comme je l’aurais aimé. Mais encore une fois, c’était son choix et je le respecte.

J’aurais aimé que tout ne soit pas aussi difficile, que tout se mette en place facilement car tout cela m’a généré pas mal de stress et on n’a pas besoin de ça dans la tornade que représente l’arrivée d’un enfant dans une vie. Je reste malgré tout fière d’avoir réussi à donner un peu plus de moi à mon enfant, il a pris ce qu’il avait à prendre et il n’est pas en moins bonne santé parce qu’il a été essentiellement nourri au lait artificiel. Je pense malgré tout que si je devais mettre au monde un second bébé, je ferai les choses différemment en terme d’allaitement : moins de pression (mais c’est plus facile à dire qu’à faire…), je me renseignerais davantage en amont (je suis arrivée dans cet allaitement un peu en touriste en me disant que je verrai sur le tas…), en me faisant davantage confiance, en n’écoutant pas les conseils de la dame de la PMI (avec le recul, je pense que la petite perte de poids qu’elle a pu constater peut être liée au fait qu’il a été pesé avec deux balances différentes… Peut être que si ma sage femme l’avait pesé le même jour, elle n’aurait pas constaté cette perte…) et je n’aurais alors pas culpabilisé de ne pas réussir à suivre le protocole qu’elle m’avait fixé. Je me laisserais aussi plus de temps pour que les choses se mettent en place, en essayant d’être moins focalisée sur le poids de mon fils à un instant T.

Et alors, ce bébé, il fait ses nuits ?

Nous avons été plutôt chanceux au cours de ce premier trimestre de vie en ce qui concerne le sommeil (et bien d’autres choses aussi, on a eu un bébé pour débutant !), il a plutôt bien dormi tout de suite, faisant un réveil vers 2h puis un vers 6h, avec parfois des phases d’éveil plutôt longue (jusqu’à 2h), mais qui nous laissait le temps de nous reposer un peu entre deux tétées.

Malgré tout, la fatigue s’est peu à peu accumulée, notamment parce que bébé faisait des siestes assez courtes ne me permettant pas de dormir beaucoup en journée pour récupérer et me laissant l’impression de n’avoir le temps de rien faire à côté (6 mois plus tard, les siestes sont toujours courtes et je fais toujours un peu le même constat… même si bébé parvient à rester en autonomie quelques temps à jouer, il faut constamment le surveiller maintenant qu’il se déplace, et donc j’ai peu de temps pour moi…)

Heureusement, j’ai été bien entourée au cours des six premières semaines de vie de mon fils. Le papa n’avait pris son congé paternité qu’en septembre (hormis une semaine au moment de la naissance), mais son chef l’a mis très souvent en récupération des heures supplémentaires effectuées l’hiver alors qu’en août, c’est normalement une des périodes où il peut difficilement se passer d’un employé. Il n’a ainsi travaillé que cinq jours sur cette période. En parallèle, ma belle-mère était présente à mon retour de la maternité et est restée une semaine avec nous, nous n’avons pas eu à gérer le ménage, ni la nourriture pendant ce temps. Nous avons aussi régulièrement eu la présence de quelques membres de notre famille qui nous ont un peu aidé dans les tâches du quotidien. J’avais également préparé quelques plats placés au congélateur pour nous dégager un peu plus de temps et vivre ce début de parentalité un peu plus facilement.

La fatigue accumulée au cours de ces trois premiers mois a été importante et la reprise du travail a été un peu compliqué, avec un rythme qui a été bousculé autant pour bébé que pour moi. Et la suite des événements n’a pas aidé à ce que la fatigue s’en aille !

Apprendre à se connaître

Je dois avouer que je n’ai pas ressenti un amour fou pour mon bébé dès son premier souffle. Je pense que la fatigue de l’accouchement, l’hémorragie, la faim n’y ont pas été pour rien (je n’ai pas dormi pendant près de trente heures, pas mangé pendant vingt-quatre heures, et j’ai perdu près de 850mL de sang… il me fallait un peu de temps pour me retaper après tout ça). Cet amour est arrivé le lendemain ou deux jours après. Et à partir de là, il a fallu apprendre à se connaître, à créer notre notre bulle tous les trois.

Cela a pu engendrer un peu de frustration auprès de nos parents car j’ai eu du mal à laisser bébé à quelqu’un d’autre qu’à son père pendant quinze jours, j’avais trop besoin de l’avoir près de moi pour créer notre relation d’attachement. Je sais que ma belle-mère aurait aimé plus s’occuper de son petit-fils. Elle ne m’a pas fait la moindre remarque à ce sujet (et je l’en remercie, les quelques remarques sur ma façon de gérer bébé sont arrivées quelques mois plus tard, quand j’étais plus sûre de moi en tant que maman et donc plus prompte à y répondre ou à les laisser couler), elle en a discuté un peu avec mon conjoint en revanche. Ce n’était pas un manque de confiance de ma part puisque je n’ai pas plus laissé mon fils à mes parents quelques jours plus tard alors que j’ai totalement confiance en ma maman. C’était simplement un besoin de garder mon fils avec moi.

Par la suite, je l’ai laissé un peu plus facilement aux membres de la famille qui nous rendaient visite. Déjà parce que le papa avait repris le travail et que j’avais besoin parfois de souffler cinq minutes, je le confiais alors à la tatie ou au tonton présents à ce moment-là. Ensuite parce qu’en quinze jours, je sentais que notre relation d’attachement s’était déjà bien mise en place. Je ne voulais pas pour autant le voir passer de bras en bras, en serait-ce que pour sa santé.

Et puis, à la fin de ce trimestre, je me suis rendue compte que je commençais à comprendre mon enfant, à cerner les signaux de faim, de fatigue… Mais il fallait déjà bouleverser nos habitudes pour reprendre le travail.

Ce trimestre a également été l’occasion de vivre tout un tas de premières fois : la première sieste dans sa chambre, le premier sourire, les premiers gazouillis, les premiers bisous qu’il ne fait qu’à moi… C’est un bonheur de le voir évoluer, se construire…, et en même temps, j’ai parfois une petite pointe de nostalgie en me disant qu’on ne revivra plus ces premières fois.

La reprise du travail

La fin de ce trimestre a également marqué la fin de mon congé maternité. J’aurais du, comme toute jeune maman, reprendre aux dix semaines de mon fils. Heureusement, une semaine après la fin de mon congé maternité, j’avais deux semaines de vacances. Je me suis alors fait arrêter une semaine par mon médecin pour gagner trois semaines de plus avec bébé. Il a fallu préparer cette reprise qui a eu lieu le lendemain de ses 3 mois : j’ai du accepter de le confier à une presque inconnue, d’abord quelques heures, avant de le laisser définitivement plusieurs jours par semaine (heureusement, j’ai trouvé une super nounou, ce qui m’a été confirmé par une collègue le jour de ma reprise). Mais je trouve que laisser son enfant à trois mois n’est pas évident, il est encore si petit pour voir son rythme autant bouleversé, on est encore si fatigué, et il faut alors enchaîner les journées de boulot avec les soirées de maman. C’est loin d’être simple.

J’aurais, dans un sens, aimé pouvoir prolonger ce congé de quelques mois (mais un congé parental n’était financièrement pas envisageable), car au moment de la reprise, je commençais tout juste à bien interpréter les signaux de mon enfant, à connaître son rythme…. Et en même temps, reprendre le travail m’a fait un bien fou au moral. Je retrouvais un semblant de vie sociale où je ne parlais pas que de mon fils, où je discutais un peu tous les jours avec des adultes d’autre chose que des biberons, des couches… Car finalement, lorsque tous nos proches sont éloignés ou travaillent, on se retrouve un peu isolée pendant le congé maternité.

Ces trois premiers mois où nous avons découvert notre fils et les débuts de la parentalité n’ont pas été de tout repos. Aujourd’hui, bébé a sept mois, nous sommes toujours épuisés, les nuits sont parfois encore un peu compliquées. Mais comme pendant ses trois premiers mois, c’est un bonheur de voir évoluer cet enfant. Il est souriant, câlin, adorable, charmeur, un brin râleur. Un bébé plutôt facile à vivre comparé à d’autres, mais répondre à ses besoins et l’élever demande du temps, de la patience, de l’énergie et être parent est aussi épuisant. Nous avons fait de notre mieux pour son premier trimestre de vie (comme pour les mois suivants), il y a peut être des choses que l’on ferait différemment aujourd’hui, forts de notre toute petite expérience, mais nous avons toujours fait ce que nous pensions le mieux à l’instant T pour notre bébé, dans son intérêt, et j’espère que nous conserverons cette ligne directrice dans les mois et les années à venir.

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